L’oreille humaine est faite pour entendre les sons qu’elle perçoit depuis l’enfance et se rebiffe dès qu’arrivent des bruits venus d’ailleurs… Fort de ce constat, un inventeur français vient de lancer un outil informatique qui forme l’oreille aux sons étrangers et facilite l’apprentissage des langues. Fâché avec les langues depuis l’école, Jacky Munger, 50 ans, a mis au point un remède particulièrement bienvenu pour les oreilles francophones, habituées aux fréquences sonores basses (125 à 2.000 hertz), ce qui ne les prédispose guère à capter les sons des autres langues aux fréquences plus hautes comme l’anglais (2.000 à 12.000 Hz). Les Francophones sont ainsi désavantagés par rapport aux Suédois, qui couvrent toute la gamme des fréquences et sont réputés pour leur maîtrise des langues étrangères.
« La langue maternelle met des barrières dans les oreilles, qui deviennent sourdes aux autres fréquences », explique M. Munger. L’inventeur, originaire de Metz, a donc préparé un programme informatique, baptisé Speedlingua, qui permet aux étudiants de se « préparer l’oreille » aux sons de la langue qu’ils apprennent.
Affublé d’un casque et d’un micro relié à son ordinateur, l’étudiant entend d’abord pendant 15 minutes une musique (de Haendel) qui le rapproche progressivement des fréquences de la langue choisie. La musique est en effet retravaillée par l’ordinateur afin d’accentuer les fréquences visées et préparer ainsi l’oreille à ces tonalités nouvelles. Commence ensuite la diffusion de mots ou de phrases simples (on commence par l’alphabet), que l’étudiant doit répéter. L’ordinateur analyse alors en temps réel le son proféré par ce dernier. Il le modifie automatiquement en accentuant les fréquences manquantes. Ce nouveau son est immédiatement réinjecté dans les oreilles du futur polyglote, qui entend ainsi sa propre voix mélangée avec celle du modèle. « Je m’entends parler comme un Anglais, je me mets à parler comme un Anglais », explique M. Munger.
La méthode trompe en quelque sorte le cerveau en modifiant dans les oreilles le son que la voix vient de prononcer. « C’est ma propre voix qui devient le modèle à imiter », ajoute l’inventeur. En 12 séances de 45 minutes, on arrive à évacuer l’essentiel des problèmes de prononciation, assure-t-il. Reste à perfectionner la grammaire et le vocabulaire…
Jacky Munger s’est lancé dans son projet il y a quatre ans, après avoir fait une expérience malheureuse de perfectionnement en anglais dans le cadre de son métier de conseil en marketing. Après un audiogramme, il a découvert que son oreille ne percevait rien au-delà de 6.000 Hz. « Je me suis aperçu que j’étais loin d’être le seul. J’ai cherché à comprendre pourquoi, cela m’a passionné », raconte-t-il. « Je me suis découvert une âme d’inventeur ». Prenant contact avec l’Université de Metz, il a pu mettre une pédagogie au point, avant de trouver un partenaire financier en la personne du « business angel » genevois Martin Velasco, qui a investi environ 3 millions d’euros dans le projet.
Sa méthode permet d’apprendre le français, l’allemand, l’espagnol et l’anglais, et même l’américain, dont les fréquences diffèrent de celles de l’anglais d’Angleterre. Le chinois et le japonais doivent suivre. Le programme Speedlingua, qui vise aussi bien les débutants que les locuteurs confirmés, sera disponible via des écoles de langue ou bien dans le commerce à partir de fin avril 2004 en Suisse, pour un prix de l’ordre de 65 à 110 euros suivant les pays.
Plus d’infos :
Speedlingua SA.
inventeur: Jacky MUNGER
www.speedlingua.com