Comme n’importe quel bébé de 18 mois, Hal aime les jouets, et particulièrement les histoires avant de s’endormir. A une différence pourtant et non des moindres, Hal n’est pas un être de chair et de sang, mais un programme informatique dont l’intelligence algorithmique se développe à la manière de celle d’un enfant…
« C’est un enfant curieux, très intelligent, qui veut sans cesse en savoir plus », explique sa « maman », la neuro-linguiste israélienne Anat Treister-Goren, qui avoue volontiers s’être attachée à son bébé virtuel. Chaque jour, elle converse avec lui par le biais d’un clavier d’ordinateur, dans le cadre d’un projet développé à Tel Aviv par la société Artificial Intelligence (AI).
Hal, dont le nom le nom est directement inspiré de Hal 9000, l’ordinateur du film « 2001 l’Odyssée de l’espace », de Stanley Kubrick, améliore sans cesse ses connaissances linguistiques et sa capacité de réflexion. Cette méthode progressive, calquée sur la vie réelle, diffère des expériences précédentes en matière d’intelligence artificielle, qui consistaient pour l’essentiel à charger dans un ordinateur une base de données exhaustive.
Lors de sa « naissance », Hal n’avait pour seul bagage que les lettres de l’alphabet et un programme l’incitant à préférer les récompenses (signaux positifs envoyés par sa « mère ») aux punitions (signaux négatifs). Au bout de 18 mois, il utilise un vocabulaire de 50 mots, en comprend environ 200, et forme des phrases enfantines, parvenant même à confondre des spécialistes du langage de l’enfance. La société AI espère que d’ici dix ans le logiciel aura atteint le stade adulte et pourra faire preuve de la créativité qui a pour l’instant fait défaut à ses prédécesseurs.
Hal sera peut-être alors le premier système artificiel à passer avec succès le « test de Turing », du nom d’un mathématicien britannique qui avait prédit il y a plus de 50 ans l’avènement des « machines pensantes ». Le test est réussi si un ordinateur parvient à tromper un interlocuteur en se faisant passer pour un humain. Jusqu’à présent, les machines ont toujours été démasquées car elles ne savent pas faire face à un changement de contexte ou à des concepts abstraits.
Si elle aboutit, cette expérience promet d’avoir d’immenses retombées. Jack Dunietz, le patron d’AI, espère ainsi mettre au point un « assistant virtuel » capable de converser avec des humains, et chargé d’accomplir toutes sortes de tâches fastidieuses – par exemple, réserver une chambre ou des billets d’avions.